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PARIS — L’ascension de Zohran Mamdani, qui est passé du statut d’élu peu connu de l’Assemblée de l’Etat de New York à celui de favori de l’élection municipale de la Grosse Pomme, a suscité un regain d’optimisme chez les responsables politiques de gauche en Europe, à l’approche de leurs propres élections locales l’année prochaine.
Les stratèges des partis de tout le Vieux Continent traversent l’Atlantique pour s’inspirer du trentenaire qui est passé en un éclair d’anonyme à prétendant au fauteuil de maire de la plus importante ville des Etats-Unis (ou du monde, si vous demandez à un New-Yorkais).
Ils veulent voir si la campagne populaire de Zohran Mamdani, dont la principale promesse est de rendre la ville plus abordable financièrement, fonctionnera aussi bien dans leurs villes et régions que pour lui lors des primaires du Parti démocrate de New York — et potentiellement lors de l’élection municipale de mardi.
Manon Aubry, la coprésidente française du groupe La Gauche au Parlement européen — qui rassemble des eurodéputés de gauche radicale et des communistes — s’est rendue à New York la semaine dernière où elle a participé, aux côtés des équipes de Mamdani chargées du démarchage électoral, à la dernière ligne droite de la campagne.
Manon Aubry et son parti, La France insoumise, considèrent Zohran Mamdani comme un exemple pour produire un “changement radical”, alors qu’ils affichent de fortes ambitions pour les municipales françaises de 2026.
Le parti anticapitaliste allemand, Die Linke (La Gauche), a envoyé quatre représentants à New York pour y rencontrer des responsables politiques, dont le chef de la stratégie de la campagne Mamdani, Morris Katz. Ines Schwerdtner, coprésidente du parti allemand, et Maximilian Schirmer, coprésident de la section berlinoise, se sont également rendus sur place.
Responsable du bureau parlementaire de l’autre coprésident de Die Linke, Jan van Aken, Liza Pflaum estime que, si son parti a fait mieux que prévu lors des élections fédérales allemandes de février, c’est en utilisant le même schéma que Zohran Mamdani : se concentrer sur les questions liées au coût de la vie, solliciter les petits donateurs et investir massivement dans des opérations de porte-à-porte avec des bénévoles.
D’après Liza Pflaum, Die Linke devrait prendre la campagne du New-Yorkais comme modèle pour celle que le parti va mener lors des législatives du Land de Berlin en septembre prochain.
“[Il] offre une vision concrète de la manière dont la vie des gens peut être améliorée”, souligne-t-elle. “On le sent tout de suite ici à New York : les gens ont recommencé à espérer.”
Interrogé sur le fait d’influencer d’autres candidats progressistes à l’étranger, Zohran Mamdani a répondu dimanche qu’il se concentrait pour l’instant sur la politique locale.
“Vous savez, il y a cette couverture du New Yorker où le monde se termine au New Jersey ? C’est de cette façon que j’essaie d’aborder les prochains jours”, a-t-il confié à POLITICO. “Pour moi, il s’agit de nous recentrer sur les travailleurs ; cet accent mis sur l’accessibilité financière est ce qui faisait cruellement défaut.”
Punchy plutôt qu’ennuyeux
Les responsables politiques français et britanniques se disent particulièrement impressionnés par la manière dont l’équipe de Zohran Mamdani a mis en œuvre une stratégie média en s’appuyant sur le charisme de leur candidat, notamment via des vidéos courtes sur les réseaux sociaux pour faire passer le message de l’accessibilité financière tout en le rendant sympathique.
“C’est déjà un événement politique, le fait [pour Mamdani] d’avoir gagné la primaire [démocrate]. Et la manière surtout dont il a gagné, le fond politique de sa candidature et la forme, notamment la stratégie com, l’utilisation des réseaux sociaux, il y a pleins de choses qu’on regarde avec attention et qu’on trouve inspirantes”, décrit la députée Insoumise Danièle Obono, qui organisera un livestream pour suivre la soirée électorale avec d’autres dirigeants du parti mardi.
Pour Mothin Ali, co-numéro 2 des Verts au Royaume-Uni, les responsables politiques britanniques ont tendance à produire des vidéos “ennuyeuses et simples”. Selon lui, la gauche devrait se perfectionner en délivrant des messages courts et “percutants”, comme le fait Zohran Mamdani.
L’ancien dirigeant du Parti travailliste Jeremy Corbyn, désormais à la tête de Your Party, a fait savoir sur X dimanche qu’il avait fait du démarchage téléphonique pour Zohran Mamdani.
Manon Aubry et son parti, La France insoumise, considèrent Zohran Mamdani comme un exemple pour produire un “changement radical”, alors qu’ils affichent de fortes ambitions pour les municipales françaises de 2026. | Frederick Florin/Getty ImagesLe triomphe probable de ce dernier sur Andrew Cuomo, l’ancien gouverneur de New York, expérimenté mais dont la réputation a été entachée par les scandales — et qui se présente en tant qu’indépendant après avoir été battu par Mamdani lors de la primaire démocrate —, est également le dernier exemple en date de partis plus modérés dépassés par des forces plus radicales aux deux extrémités de l’échiquier politique.
LFI s’est imposée comme une force dominante à gauche depuis la fin du mandat de l’ancien président socialiste François Hollande, qui avait fait beaucoup de déçus. Mais si le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a obtenu de bons résultats aux présidentielles, le parti a eu du mal à remporter des collectivités lors des élections locales et à prouver qu’il pouvait gouverner sur la base d’un programme radical — une lacune qu’il espère combler lors des municipales de l’année prochaine.
Le Poll of Polls de POLITICO pour le Royaume-Uni montre que les Verts atteignent désormais 14% des intentions de vote au niveau national, soit seulement 4 points de moins que le Parti travailliste du Premier ministre Keir Starmer. Dans le dernier sondage Find Out Now, publié la semaine dernière, les écologistes, boostés par l’“éco-populisme” de leur nouveau leader Zack Polanski, dépassaient les travaillistes pour la première fois.
En Allemagne, Die Linke continue sa progression depuis son résultat surprise de février. Selon les sondages, le parti est désormais en position de force pour défier ses rivaux modérés, les Verts et les sociaux-démocrates.
Pour le candidat des Ecologistes à la mairie de Paris, David Belliard, le succès de Zohran Mamdani auprès des électeurs préoccupés par le coût de la vie — un problème qui touche aussi bien les Parisiens que les New-Yorkais — confirme sa conviction que son parti doit mener une campagne plus progressiste après avoir passé plus de deux décennies en tant que partenaire de coalition des maires de centre gauche de la capitale qui ont davantage œuvré à rendre la ville plus verte que moins chère.
“Nous avons beaucoup avancé sur les transformations de la ville et nous avons beaucoup travaillé sur la fin du monde, mais peut-être pas assez sur la fin du mois”, pointe David Belliard.
Victor Goury-Laffont a écrit depuis Paris, Nette Nöstlinger de Berlin et Martin Alfonsin Larsen de Londres. Emily Ngo a contribué à cet article.
Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais, puis a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.
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